Monday, December 10, 2018

Marche pour le climat - 8 décembre 2018 - Aix-en-Provence




Si vous êtes ici aujourd’hui c’est parce que vous tous,
citoyens, citoyennes, jeunes, vieux, militants, activistes
ou parents angoissés par l’idée de laisser une planète inhabitable à vos enfants,
vous êtes tous conscients de l’urgence climatique.
La biodiversité s’effondre,
les océans meurent,
les glaciers fondent,
Les sols s’apppauvrissent,
les rivières et les nappes phréatiques sont de plus en plus polluées,
les catastrophes naturelles se multiplient, sécheresses, inondations, incendies,
tous les écosystèmes de la terre sont menacés.

L’espèce humaine a trop longtemps cru que la nature était à sa disposition à l’infini.
Ses ravages se sont multipliés à un rythme exponentiel, toujours plus rapide, depuis le début de l’ère industrielle.
Cette ère qu’on nomme anthropocène, et aussi capitalocène,
l’ère du productivisme – consumérisme débridé,
d’une économie toujours en besoin de croissance,
d’un libéralisme qui concentre de plus en plus les richesses,
ou les inégalité sont en hausse depuis 40 ans.
Cette ère a permis à nos sociétés occidentales d’acquérir un train de vie et une technologie incroyablement complexe,
dans une globalisation et une standardisation généralisée.
Elle nous a rendu aveugle et sourds les uns aux autres,
uniquement préoccupés de maximiser notre profit,
pour jouir sans limite de notre puissance démultipliée par les énergies fossiles,
charbon, pétrole, gaz,
ces ressources fossiles que nous pompons toujours plus profond dans la terre
qui nous transportent si vite et si loin,
qui nous habillent, qui nous chauffent,
qui fabriquent et nous livrent tous ces objets sans lesquels nous ne savons plus vivre.
Qui nous alimentent aussi à coup de pesticides et d’ogm,
dans des fermes usines ou les animaux sont exploités et maltraités,
exploités et maltraités comme le sont ceux qui travaillent dans les mines, loin de nous,
pour extraire de la terre ravagée les métaux et terres rares de nos jouets électroniques.

Ces énergies fossiles dont il faut maintenant laisser 80 % sous terre, inexploitées,
si nous voulons respecter les accords de Paris,
et limiter le réchauffement climatique à 1,5 voire 2 degré.
Qui y croit encore ?
Nous sommes sur une trajectoire de 3, 4, 5 degrés et plus à la fin du siècle.
Les dégâts sont exponentiels, de plus en plus rapides,
et tout risque de s’emballer, et menacer la survie de l’espèce humaine dans les décennies qui viennent.

Casse écologique, mais aussi casse sociale,
car dans l’amorce de cette lente descente énergétique à laquelle nous sommes condamnés si nous voulons éviter l’effondrement,
Il y a ceux qui profitent, et ceux qui souffrent.
Il y a ceux qu’on taxe et ceux qui profitent de l’évasion fiscale.
Il y a ceux qui qui se demandent comment il vont terminer le mois
et ces élites qui font sécession, uniquement préoccupées de se remplir les poches,
abandonnant dans la misère, la famine et la guerre, des populations entières qui payent le prix de politiques d’accaparement de ressource de la part des pays occidentaux.
La démocratie vacille, ici en France.
L’état, acculé, soumis aux puissances de l’argent, sourd à la colère et à la volonté du peuple,
pris dans une escalade répressive,
réprime, mutile et tue des manifestants avec des grenades interdites ailleurs,
humilie ses enfants et choque leurs parents,
avec ces images qui en appellent d’autres, terribles.


Alors oui. Il faut tout changer.
Changer le système. Pas le Climat
Mais nous faisons tous partie du système,
nous sommes tous un rouage du système,
plus ou moins bien huilé,
plus ou moins puissant.
Nous allons tous devoir changer très vite,
nous adapter à de nombreux chocs,
Citoyens, entreprises, politiques.

Il va nous falloir construire des sociétés plus simples,
des sociétés qui auront renoncé à la croissance,
ou nous vivrons plus simplement, mais sans les inégalités criantes d’aujourd’hui .
Ou l’entraide prendra le pas sur la rivalité,
ou égalité et fraternité, les deux valeurs oubliées dans notre démocratie vidée de sa substance,
reprendront enfin leur sens.

Sommes nous capable de nous transformer, de transformer en profondeur cette société pour la rendre juste et équitable, solidaire et respectueuse des formes de vie non humaines ?

Sommes nous capable de nous unir, de nous mobiliser,
pour exiger cette transformation de nos dirigeants qui nous ont abandonnés ?
Sommes nous capables de résister, pacifiquement,
en arrêtant de coopérer avec ce système qui détruit l’humain et le non-humain,
et de revendiquer une réelle démocratie citoyenne
une mise en place de politiques justes et ambitieuses,
à la hauteur des enjeux climatiques et sociaux.

Seront nous assez nombreux dans la rue, au fil des jours pour réclamer pour aujourd’hui et non plus pour demain cette transformation radicale de la société ?

Nous sommes nombreux à l’espérer. Mais pas assez encore pour réussir à être entendus.
Ne lâchons rien. Nous le devons à nos enfants,
aux peuples que nous avons exploités pour construire notre civilisation occidentale,
aux animaux que nous avons décimés,
aux arbres que nous avons détruits par forêts entières.

Un proverbe amérindien dit :
Quand le dernier arbre sera abattu,
la dernière rivière empoisonnée,
le dernier poisson capturé,
alors l’homme blanc s’apercevra que l’argent ne se mange pas

Alors oui sans doute, dans cette nouvelle société que nous construirons tous ensemble,
nous ne pourrons plus commander une pizza livrée par un autoentrepreneur exploité par une multinationale
mais nous mangerons des produits sains locaux.
Nous voyagerons moins vite et moins loin,
mais nous prendront le temps de découvrir nos magnifiques régions.
Nous chaufferons moins nos logements,
mais la chaleur du collectif réchauffera nos coeurs.
Nous partagerons machines à laver, outils, jardins potagers,
et nous créerons des liens avec nos voisins.
Nous n’aurons peut-être qu’un ordinateur partagé,
et une connexion intermittente pour communiquer avec le monde,
mais nous aurons plus de temps pour nous parler,
pour nous aimer,
pour apprendre et pour découvrir,
pour chanter et danser.
Ensemble.