Sunday, March 22, 2015

L'eau



On la boit comme on boit la vie,
C'est la ressource qu'on envie
Qui manque aux peuples asservis
L'eau

Elle se change parfois en vin
Pour les dieux et tous leurs devins
Qu'on implore toujours en vain
L'eau

C'est un torrent qui dégringole,
Ou l'eau rouillée d'une rigole
S'imbibant des poisons du sol
L'eau


Refrain :
C'est la pluie là ou c'est mouillé
Et tous les marigots souillés
C'est la soif qui provoque encore
La maladie et puis la mort

C'est le triangle des Bermudes
La fonte des glaces au pole Sud
C'est l'enjeu d'un conflit latent
Et nous n'avons que peu de temps

Couplet :
Éclaboussures et arrosoir
Tous les enfants dans la baignoire
Rires et jeux du bain du soir
L'eau

C'est les deux mains biens savonnées
C'est la carafe au déjeuner
C'est l'eau qu'on gâche aux cabinets
L'eau

C'est la mer ou tu te délasses
Les coquillages à marée basse
La piscine des premières classes
L'eau

Refrain :
C'est la pluie les jours de vacances
C'est la lot'rie de la naissance
Et c'est la soif après l'effort
Soixante pourcent de notre corps

C'est l'océan des souvenirs
Ou tangue mon coeur, et soupire
La rosée de tous nos printemps
Evaporée en un instant.

Couplet :
C'est le lac de Côme ou de Garde
Ou appuyé sur la rambarde
Ton regard embué me lézarde
L'eau

Les gourdes et les paniers repas
La neige qui crisse sous nos pas
Les sommets qu'on n'oubliera pas
L'eau

C'est la passion bue à ta bouche
L'avalanche quand tu me touches
La source de ton coeur farouche
L'eau

Refrain :
C'est la pluie d'une douche à deux
Et tous les jeux des amoureux
C'est la soif de nos corps à corps
Qu'inonde la petite mort

C'est l'océan de solitude
Où j'ai repris mes habitudes
Les larmes et la fuite du temps
Que tu m'as laissées en partant

L'avenir de l'humanité est sans dieu

Vous massacrez au Nigéria
Pour y appliquer la charia
Vous égorgez, vous lapidez
Vous faites sauter des mosquées

Vous détruisez en un éclair
Des sites deux fois millénaires
Vous mitraillez des humoristes
Décapitez des journalistes

Refrain :
Arrêter de tuer pour l'islam
Arrêtez d'opprimer les femmes
Arrêtez d'implorer les cieux
L'avenir de l'humanité est sans dieu

Vous qui avez armé la main
des kamikazes, des assassins,
Vous qui tirez sur les ficelles
D'une guerre interculturelle

Vous qui avez chanté et ri
Quand les fous ont tué Charlie
Vous qui avez dit sans broncher
Qu'ils l'avaient quand même bien cherché

Refrain

Vous qui partez faire le djihad
Pour vaincre Bachar El Assad
Adolescents mal dans leur coeur
Proies faciles des recruteurs

Endoctrinés sur internet
On vous persuade que vous êtes
L'élu porteur de vérité
Qui va sauver l'humanité.

Refrain

Vous qui conditionnez vos filles
Dans le huis clos de la famille
Pour qu'elles portent avec soumission
Voiles et autres humiliations

Vous les religieux intégristes
Mysogynes obscurantistes
Gardant vos femmes en esclavage
A la cuisine et au ménage

Refrain

Les extrémistes et les salauds
Ont peur des livres et des stylos
Les armes d'émancipation
Le pouvoir de l'éducation

Défigurées au vitriol
Alors qu'elles allaient à l'école
Et tous ces enfants foudroyés
Pour avoir oser étudier

Refrain


300 lycéennes enlevées
Dix mille femmes vendues et violées
Mariages forcés pour les mineures
Sur l'autel d'un dieu sans honneur

Combien de morts, de réfugiés
Combien de femmes grillagées,
Combien encore de tragédies?
D'enfers pour votre paradis?

Refrain

Monday, January 12, 2015

Je suis Charlie. Vraiment

Hier j'ai défilé de la République à la Nation. Je suis montée à Paris. J'ai pris mes billets samedi soir sur un coup de tête en rentrant du rassemblement marseillais. Envie d'y être. Plus d'une heure pour arriver à République depuis Barbès ou habite mon frère. Nous avons été bloqués dès la gare de l'Est. Rien ne bougeait vraiment, on faisait quelques pas de temps en temps. Marc avait beaucoup de succès dans sa poussette avec sur la capote, l'affiche "Je suis Charlie" qu'on nous avait distribué. Il y avait des familles, les petits juchés sur les épaules de leur pères et mères. Des gens de tous ages, des couples, des amis. On essayait de se faufiler sur le côté pour avancer un peu, mais on croisait des files de gens qui rebroussaient chemin en expliquant que c'était complètement bouché. Qu'ils abandonnaient. Anne-Sophie et Marc dans sa poussette on rebroussé chemin à République. Il était déjà plus de 17h. La marche devait commencer à 15h à République....

Ensuite, ça s'était bien débloqué, mais j'ai préféré prendre le trajet le plus au sud, celui qui passait par Bastille. Il semblait y avoir moins de monde. A bastille, j'ai hésité à courir vers la gare pour attraper mon train de 18h19, et puis je me suis dit - tant pis, j'en prendrai un autre, plus tard. Il fallait que j'aille jusqu'à Nation, avec tous ces gens. Moins de familles, mais des enfants plus grands, des jeunes, des vieux, parfois très vieux, des vélibs, des CRS, des rues entières de cars de CRS.  Des couples, des petits groupes d'amis. Quelque solitaires comme moi. J'ai appelé Greg, il m'a dit qu'on parlait d'un rassemblement historique, qu'il y avait tellement de monde que la police ne pourrait pas compter, plus d'un million à Paris. J'ai dit : "tout le monde est la, il ne manque que toi." J'aurais voulu partager cette marche calme, cette union tranquille, cette force pour défendre la république avec lui. Émaillés sur le trajet, des lieux d'hommages et de recueillement, bougies bouquets, drapeaux, petits mots. Je suis allée jusqu'à Nation, puis j'ai rejoint mon frère à la gare de Lyon. En descendant le boulevard Diderot, la foule était encore compacte. Tout le monde rentrait à pied. On a dîné et j'ai repris mon train.

Et ce matin les chiffres : 4 millions en France, 1,5 millions à Paris...100 000 à l'étranger.

Et les unes : Un peuple se lève, La France debout, La liberté en marche, Une marche pour l'histoire. Historique!
Libé : nous sommes un peuple.

Et celui-la du Daily Telegraph : Liberty, Equalité, Fraternity: France defies the terrorists

Puis les questions, les analyses, le billet de Sophie Aram :"Le droit de blasphème est sacré... Votre liberté de prier est le pendant de notre liberté de penser".

Je suis Charlie. J'ai bien réfléchi, bien lu tous ceux qui disent, à contre courant, ne pas être Charlie, pour diverses raison, soit qu'ils n'étaient pas d'accord avec le journal, le trouvant raciste, islamophobe, sexiste (on croit rêver... l'humour, toute une éducation). Ou bien plus sérieusement, trouvant qu'il est indécent de dire maintenant "Je suis Charlie", alors qu'on a rien fait pour le soutenir, avant. Alors qu'on ne fait rien contre les enlèvements aux Nigéria, contre la guerre en Syrie, etc, etc.

Mais je suis Charlie quand même. Je suis Charlie par mon athéisme convaincu, par mon gout de la provocation, avec ma mauvaise fois intermittente et honteuse, avec mon manque de suite dans les idées, et mes velléités d'engagement. Je suis Charlie avec tous ces gens qui défilaient dans le calme, jeunes et vieux, en famille, en couple, entre amis.

Je suis Charlie, et après? On fait quoi, on analyse, on réfléchit, on cherche. On cherche ce qu'on peut faire. A son niveau. Pour l'éducation. Pour militer, favoriser l'éducation des gosses des banlieues. Et pour aider à la disparitions des religions. Parce que tout le problème vient de là. Mais pas que. Regarde la Corée du Nord, les goulags soviétiques. Point de religion dans ces dictatures. Est-ce que le monde serait pire sans religion? Certains, comme mon père, pensent la religion indispensable pour la paix sociale et voient en elle un garde fou contre la bestialité de l'homme. Ils ne croient pas à une morale athée, à des valeurs républicaines. Pourtant la république se fonde sur la laïcité. Mais mon père ne croit plus à la démocratie. C'est sa dernière provocation. Entre sœur Emmanuelle et mon père, il y a nous tous, et nos personnalités plus ou moins empathiques, nos compromis entre élans de générosité et égoïsme. Et pourquoi pas un monde ou tous sont frères? Y croire encore? Ou sauver sa peau et continuer à profiter égoïstement de sa petite existence, pardon cultiver son jardin.... Les deux mon capitaine?

Reblogguer des billets de Sophie Aram en se revendiquant athée. Est-ce que c'est utile? ou contre-productif? Que faire alors? S'abonner à Charlie, l'acheter toutes les semaines? Donner son pouvoir d'achat et sa force commerciale à une cause et des voix plus fortes? Mais quelles voix? Charlie Hebdo? La provocation est elle le meilleur moyen d'arriver au but?

Ou alors parier sur l'intelligence, l'éducation, l'esprit critique des lumières, le libre arbitre. Combattre par les mots. Ecrire. Et publier. Convaincre plutôt que vaincre.